Les menstruations en 10 étapes.

Celui-là s’adresse à vous, les boys. À vous qui savez pas ce que c’est, une fois par mois, de se sentir toute sauf bien. À vous qui le vivez pas pentoute pis qui s’donnez le droit de dire qui le vivez pire que nous, les femmes. À toi, le frère un peu trop sans dessein qui a un jour dit à sa soeur de s’calmer pis d’aller se mettre un tampon. À toi, le boyfriend un peu deux watts qui s’est trouvé bin comique devant ses chums de gars “S’cusez l’attitude de ma blonde, est dans sa semaine“. À toi, le gars nowhere qui pense que j’ai refusé ses avances un peu trop déplacées au bar parce que j’étais supposément SPM. J’vous emmerde profondément, vous pis vos jokes plates sur les menstruations. Décroches, tu vas l’avoir dans 7 jours ta partie de jambes en l’air, fais-en pas tout un plat.

Je tiens à vous dire que c’est pas toujours facile, qui a des filles plus chanceuses que d’autres pis qui le vivent moins pire, c’est normal. On est pas toutes faites pareil. Je tiens à démystifier un peu le tout, histoire de savoir dans quoi vous vous embarquerez la prochaine fois qu’vous vous lancez sur une remarque débile à propos des règles. J’suis pas une féministe dans l’âme, mais de défendre mon droit à avoir une attitude de marde quand j’suis dans ma semaine, j’trouve ça important. J’vais vous l’expliquer, ce que c’est, histoire que vous compreniez un peu mieux.

1- Les crampes
On peux-tu en parler? As-tu déjà reçu un coup d’bat de baseball dans le ventre? Parce que j’peux t’assurer que la sensation est assez similaire merci. Le pire avec les règles c’est que c’est répétitif comme douleur, constant, pendant une heure, deux, même pendant toute une journée pour certaines. Ça arrête pas, un coup après l’autre. Pis c’est pas le genre de mal auquel tu t’habitues pis qu’après un an c’est devenu endurable, non. Et voulez-vous savoir un secret à propos des crampes? Elles sont tout le temps là. Que ce soit avant de tomber dans ta semaine, pendant, ou après parce que ton corps est en trin d’ovuler… Coucou! C’est nous! Les coups d’marteau sur ton utérus!

2- L’inconstance
Parce que si tu prends pas la pilule, y’a rien de moins certain que le jour et l’heure à laquelle elles vont décider de s’pointer le bout du nez. T’es comme toujours sur le qui-vive, faque des tampons traines-en. Pis si tu prends la pilule pis que t’es moindrement tête en l’air comme moi, bin y s’pourrait qu’un vendredi soir bin pompette t’oublies de la prendre. Pis que le lendemain à un souper bien arrosé bin tu l’oublies une seconde fois et que dimanche matin bin… Coucou! C’est nous! Les coups d’marteau dans ton estomac!

3- Les serviettes sanitaires/tampons
Parce que c’est déplaisant, tout simplement. Écoutes, des couches t’en porte à la naissance jusqu’à quoi? Trois ans? Bin moi j’te confirme que j’en porte encore le soir avant de dormir une semaine sur quatre. T’essayeras de porter un legging avec une serviette sanitaire sans que ça paraisse. Mets un jeans, me diras-tu avec ton sourire de fendant accroché aux lèvres, mais non merci. Si y’a une chose dont tu as besoin quand tu es dans ta semaine c’est au moins d’être confortable et des leggings c’est confo (beaucoup plus que des jeans). La serviette sanitaire, moyen confo j’te dirais. Et là on arrive aux fameux tampons… j’vous avoue qu’à treize ans, jeune prépubère que j’étais, me rentrer quelque chose là-dedans c’était assez particulier merci. Et non, c’est pas agréable surtout les premières fois. Si vous saviez combien de tampons j’ai gaspiller juste en l’ayant mis de la mauvaise façon, le ministre de l’environnement en serait choqué (parce que oui c’est super mauvais pour l’environnement les tampons en plus). Pis c’est compliqué, faut les changer après un certain temps au risque de développer le cancer du col de l’utérus au passage (rien que ça t’sais). Il devrait exister des congés de menstruations payés où pendant une semaine tu t’installe dans un bain (parce qu’enfin ça coule pas) à relaxer et lire un livre le temps que ça passe. Si le séjour au spa pouvait être payé en plus ce serait pas pire pentoute Monsieur Trudeau, notez ça dans vos prochains projets de lois.

4- Le manque de serviettes sanitaires/tampons
Parce que t’en a jamais assez. Parce que t’as soixante quinze mille boites de tampons dans ta maison, que t’as une poignée qui traine dans chacune de tes sacoches, mais que la journée où t’en a vraiment besoin t’es partie avec la seule sacoche de la maison qui en a pas. Faut tu être assez malchanceuse pour que ça t’arrive à chaque criss de fois. Rien de plus frustrant que d’être encore pogné à aller à la pharmacie sur ton heure de lunch au pas de course parce qu’il est plus que temps que tu change de tampon pis qu’tu viens de réaliser que la pochette spéciale de ta sacoche était vide. Pourtant tu l’avais remplie le mois dernier, non?

5- Le lavage, criss
On se le cachera pas, ça nous arrive toutes. Encore, après dix ans de menstruations, on en est toujours à ce stade-là. Que ce soit nos draps de lit ou notre string préféré, une fois de temps en temps, on tache dequoi. Aweille ma fille, sort la p’tite chaudière pis le oxyclean qu’on fasse tremper ça. Les criss de culotte à 25$ du Victoria Secret que t’as acheté la semaine dernière… Vidanges. Ça fait qu’on s’ramasse avec deux tiroirs de bobettes, celles qu’on aime, pis les autres. Les bobettes-d’une-fois-par-mois, comme j’aime les appeler. T’sais celles qui sont plus vieilles pis que ça te dérange moins de crisser aux vidanges, celles qui t’ont pas coûté un bras, surtout.

6- Le sang
Sincèrement, juste parce que c’est dégueulasse. J’m’étirerai pas en long et en large sur le sujet, mais ça coule, c’est chaud, c’est odorant, c’est désagréable, ça a une texture plus que particulière, c’est inconfortable… Pis t’sais, tu perds du sang à profusion, j’veux dire c’est tout un feeling awkward qui s’passe icitte.

7- Les maux de jambes
Parce que non t’as pas juste mal au ventre. T’as les jambes molles aussi, faibles, pis t’as l’impression d’avoir marché pendant 4 ans de ton lit à ta toilette.

8- La température
On va se l’dire, la température extérieure joue tout un rôle dans notre bien être quand on a nos règles, nous-les-filles-d’Ève-la-conne-qui-a-croqué-dans-la-pomme. Parce que l’hiver à -40 quand tu te gèle le cul dehors pis qu’on corps est tout raide pis qu’tu fais des mouvements saccadés pendant qu’c’est l’gros party en bas pis qu’ça coule à flot là-dedans… T’as juste le goût de rester couché dans ton lit en position foetale avec un sac magique sur le ventre pis une grosse doudou qui a passé 30 minutes dans la sécheuse. Pi l’été… Tout un contraste ma fille! Y’a rien de moins agréable que de sortir dehors en plein été pendant qu’tes dans ta semaine. Comme si tu te sentais pas déjà assez dégueulasse comme ça, avec la chaleur accablante pis la sueur qui s’empare de toi, faut en plus que t’aille l’entre jambe encombré. Les serviettes sanitaires l’été, oublies ça, 15 minutes dehors pis y va faire assez chaud en bas que l’inconfort va s’installer assez rapidement. Pis les tampons, à la plage et à la piscine, on s’entends-tu que s’t’une source de stress constante. Est-ce que mon fil dépasse? Non, c’est beau. Pis 20 minutes plus tard, est-ce que mon fil dépasse? Non? Ok. Pauvre toi, la fille au beach club à qui j’ai été obligé de dire que sa corde de tampon dépassait dans le cou du gros douchebag qui la tenait sur ses épaules… J’te plains, c’était malaisant, j’compatis, ça aurait pu m’arriver à moi aussi. Ça fait que plus souvent qu’autrement, même si tu te dis libre, tu sors le moins souvent possible parce que la chaleur fait juste empêcher la coagulation pis t’as l’impression d’avoir une champlure à l’intérieur de l’utérus. Fuck you dame nature.

9- Les hormones
J’ai l’air du produit de concubinage entre KingKong et Godzilla quand j’suis dans ce moment du mois et croyez-moi que vous auriez raison de m’abattre Harambe style (lol) si vous aviez le malheur de me croiser durant mes crises hormonales. T’as comme un super gros boost d’hormone qui fait en sorte que t’es toujours à pique et à fleur de peau. J’peux passé de gros sanglots à j’ai des flammes dans les yeux et tassez vous de dl’à parce que ça va brasser. En plus, allo les hormones, ce sont les meilleures amies des boutons et ceux-ci se pressent d’apparaître dès le début de nos règles histoire de tourner le fer dans la plaie. J’t’emmerde toi mon beau gars qui a eu sa phase acné en secondaire 4 et qui n’a plus à se soucier de ça aujourd’hui.

10- Les hormones (oui, oui, encore!)
Sacrées hormones, elles ont tout un effet sur nous les femmes (un peu comme la testostérone pour les gars mais pas pentoute pareil finalement). Les hormones font apparaître un espèce de craving intense, c’est incontrôlable. Et là, je parle de deux types de craving. Y’a d’abord celui de la bouffe, parce que fouilles-moi pourquoi, le chocolat est le meilleur amie de la fille dans sa semaine. T’as TOUT LE TEMPS faim. Et quand je dis faim je parle pas d’avoir faim pour manger un sauté au poulet là, j’te parle du j’ai faim j’veux du PFK le vari baril au complet, une douzaine de beignes boston au chocolat et trois bigmacs s’il te plait. Et non, c’est pas pour partager. Faque en plus de te sentir super ballonnée, tu manges le contenu d’un mois de repas histoire de prendre 15 lbs en 7 jours. Le deuxième craving est un peu plus d’ordre sexuel. Oui oui, nous aussi on en a très envie quand vous nous le demandez et qu’on vous répond le fameux pas cette semaine. Parce qu’avec les hormones dans le tapis croyez-moi que notre libido est à son maximum et que nous aussi on aurait envie de get laid, mais qu’on peut pas et que ça nous fait sans doute beaucoup plus chier nous que vous. Et non, dans la douche c’est pas quelque chose qui plait à tout le monde surtout quand t’as déjà les Coucou! C’est nous! Les coups d’marteau dans ton estomac! qui te hantent depuis trois jours.

C’est l’étape de notre vie qui souligne notre passage de fille à femme et j’vous garantie que j’me suis jamais sentie aussi moins femme que lorsque j’suis dans mes périodes. À me sentir toute ballonnée et porter des vieux joggings lousses avec un gros hoodie et trois cent soixante quinze mille boutons au visage… Allo la féminité.

J’ai chaud, j’ai mal, j’ai froid, j’me sens faible, j’ai l’impression de m’vider de mon âme, j’en peux plus, j’portes une COUCHE SACRAMENT, as-tu besoin d’une raison de plus pour que je sois en criss d’être dans ma semaine? As-tu besoin d’une raison de plus pour justifier mon attitude de marde aujourd’hui? Non. J’ai tous les droits d’être en maudit pis de rejeter mes émotions sur ceux qui ont le malheur de croiser ma route aujourd’hui. J’vous l’dis, j’m’en excuse d’avance si jamais vous m’croisez dans une de mes mauvaises journées du mois, mais y’a rien de plus naturel que ça. Et être à ma place tu réagirais sans doute pareil. J’aimerais ça moi te voir saigner du gland une semaine par mois histoire de te demander comment tu te sens.

J’vous le dédicace, ce texte-là, mesdames. Vous méritez toute une main d’applaudissements pis toute une médaille pour ce que vous endurez chaque mois. Sérieux, c’est vraiment loin d’être facile à gérer.