Delete-block-forget.

Coucou minou.

Y’est plus que temps qu’on aille une discussion toute les deux, un genre de truetalk, qu’on s’parle dans le blanc des yeux pis qu’on s’dise les vrais affaires, juste une fois. Y’a bin des choses dans vie qu’on a pas envie d’entendre, c’est normal, souvent on a pas plus envie d’les dire non plus. Mais parfois y faut, juste parce que.

Je sais que c’est difficile, plus que tu te l’imaginais. Je sais que ça fait des mois maintenant et qu’tu t’dis que t’es passé par dessus pis qu’tu vas bien. Je sais aussi que desfois t’as d’la misère à te croire toi-même parce qu’au fond tu sais qu’ça va pas si bien qu’ça pis qu’tu y pense encore beaucoup. Je sais qu’tu fais exprès de mettre ta vie entière sur Facebook pour qu’y voit que t’es resplendissante sans lui. Je sais qu’tu mets 60 mille snapchat story pour être certaine qu’y prenne conscience que t’as dont bin du fun avec ta gang de fille au club le vendredi soir.

Je sais qu’tu veux le faire chier en le supprimant ou en le bloquant d’tes réseaux sociaux pour lui montrer qu’tu t’criss complètement d’lui aujourd’hui. Je sais aussi qu’tu fais exprès de garder ses amis dans tes contacts parce qu’ au fond eux y t’ont rien fait. Je sais qu’tu regardes qui a visionné tes story à chaque trois secondes et demie pour être certaine que son meilleur ami voit qu’t’étais avec tel gars, bin saoule pis bin collée, la semaine dernière au bar du coin. Je sais qu’dans l’fond, garder ses amis dans tes contacts s’t’une manière pour toi de l’garder indirectement lui aussi.

Je sais qu’tu vas sur le compte de ta meilleure amie pour voir si y’a pas posté dequoi d’nouveau depuis la dernière fois qu’t’as vérifié, y’a à peine une heure. Je sais qu’tu penses que t’es heureuse parce que tu projettes l’image de la fille qui a encore et toujours du fun dans l’but d’y prouver qu’tu penses plus à lui.

Je sais aussi qu’dans l’fond t’es loin d’être heureuse. C’est vrai minou, r’garde toi. T’es plus la même, t’as changé. Tu souris pour les caméras quand tous les soirs ton coeur pleure en d’dans. Tu penses que t’as tourné la page mais chaque fois qu’tu vois qu’il a pris connaissance de ton snapchat tu réalises que t’en retire aucune satisfaction finalement. Tu penses que t’es passé à autre chose mais tu perds ton temps sur Facebook et Instagram à voir si quelqu’un aurait pas mis une photo d’lui. Tu y accordes encore toute ton attention pis t’essaye d’y faire croire le contraire, pis t’essaye de TE faire croire le contraire.

J’veux pas péter ta bulle minou, mais tu l’oublieras pas comme ça. C’est long accepter de fermer un livre parce qu’une histoire est terminée et c’est encore plus long accepter d’en ouvrir un autre pour commencer une nouvelle histoire. C’est plate à dire, pis j’te concède que ses amis s’tait p’tête des-bin-bons-jack, mais va falloir que tu fasses une croix sur eux pour être en mesure de faire une croix sur lui. Va falloir que tu le supprime complètement d’ton monde.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux prennent tellement d’place que d’oublier quelqu’un qui pop sur ton écran chaque jour, c’t’assez dur merci.

Deletes-le, lui pis sa gang de singes.

Donnes-toi une chance, mets-moi ça aux vidanges pis concentre ton énergie ailleurs. T’es belle, t’es intelligente, t’as une personnalité forte, tu vaux plus que ça. Y’est temps qu’on s’étampe la vérité en pleine face toute les deux minou parce que si on l’fait pas l’une pour l’autre, qui l’fera pour nous?

T’es rendu là? La fille pathétique qui vie pour des likes pis pour le fame? La fille qui pense que d’avoir l’air cool va l’faire revenir? C’est fini, il r’viendra pas minou. Tu prends plus de temps à essayer d’faire en sorte que ta soirée aie l’air géniale sur ton cell que t’oublies d’en profiter pour vrai. Tu t’crissais bin d’l’image que les autres avaient d’toi avant. Est où cette fille-là?

Si jamais tu la croise, au find fond d’ton toi-intérieur, dis-y dont d’refaire surface ASAP. J’ai besoin d’elle moi, pis toi avec, t’as besoin d’elle.

Tout ce que j’ai oublié de te dire

T’es beau

C’est le genre de chose qu’on s’disait pas dans notre relation, vue qu’on était pas le genre de couple classique, t’sais. T’as pas idée du nombre de fois où j’ai regardé au plus profond d’tes yeux bleus en voulant te dire à quel point j’te trouvais magnifique, parce que c’est le cas. Tes p’tits cheveux blonds, un peu frisé pis tes amis qui te taquinaient sur ta calvitie (très peu prononcée, soi dit en passant) et moi, qui voulait juste leur dire de s’fermer la gueule parce que t’étais le plus beau de la Terre. Tes yeux bleus, profonds, perçants. Le mystère qui s’y logeait, j’m’y accrochais chaque jour comme s’ils me regardaient pour la dernière fois. Regarder dans tes yeux s’tais comme r’garder dans l’fond ton âme tout en essayant d’comprendre comment ça marchait en d’dans. Tes lèvres, le nombre de fois où j’ai écrit à leur sujet, tes lèvres de barbie. Pis ta p’tite barbe de deux/trois jours que tu laissaient pousser les jours où tu travaillais pas. Ta p’tite barbe qui te donnait un côté plus viril, j’aimais ça. J’aimais tellement ça.

T’es bon

Je sais, on avait un faible pour les vacheries toi et moi. On aimait ça, s’envoyer chier. Pis plus souvent qu’autrement, on se rabaissait l’un l’autre, à s’critiquer sur à quel point t’étais mauvais dans tel truc et à quelle point j’étais d’une nullité dans autre chose. Mais t’excellais dans plein d’affaire et souvent, même, tu me surprenais. La première fois que j’t’ai vue faire un backflip, c’est con, mais ça m’a fait sourire. Quand t’as réparé ma télévision, pis que tu t’es mis à patenter sur le lave-vaisselle de mes parents que j’croyais avoir brisé, t’étais cute à voir. Pis tu gossais de même après tout et rien, pis ça marchait. T’étais habile pour ces affaires-là. Quand on est allé jouer au paintball, j’t’imaginais pas tellement pro-guerre, mais de te voir avec ton kit de camouflage pis de voir que tu survivais à chaque round, c’était viril, assez turn on même. Mais j’pense que ce que je préférais, c’était de t’voir dévaler les pentes en snow. Tu faisais ça comme si c’était rien, sans efforts et en toute nonchalance. Pis t’étais éblouissant à voir aller. Surtout que, tu souriais tout le temps en snow, t’étais heureux pis c’était du bonheur pur. C’était rare de  t’voir aussi sincèrement heureux.

T’es capable

Donnes-toi une tape dans le dos, une fois de temps en temps, parce que tu le mérites. Bottes-toi le cul un peu, parce que tu vas te rendre loin, parce que t’as du talent. T’sais, j’t’ai reproché beaucoup de chose, mais j’aurais dû te dire à quel point toute les possibilités s’offraient à toi si seulement tu te donnais la chance de les prendre. J’voulais te dire que tu pouvais réussir, que t’avais ce qui fallait pour te rendre loin. Pis j’le pensais, pis j’le disais aux autres, mais à toi, jamais. J’aurais dû.

J’suis fière de toi

Pour les p’tits trucs que t’as accomplis, un après l’autre, mine de rien. Parce qu’une conne t’as dit un jour que t’avais pas d’avenir et qu’autant j’la détestais de t’avoir dit ça, autant j’t’ai pas défendu quand c’est arrivé. J’aurais dû. J’aurais dû lui dire, à elle, que t’avais d’l’ambition pour dix pis que tu te rendrais loin. J’aurais dû y dire aussi d’aller jouer dans l’trafic, la conne. J’aurais dû te dire, à toi, de pas l’écouter parce que j’croyais en toi et en ce que tu pouvais accomplir. J’aurais dû te dire que ça me rendais heureuse, tes cours de conduite, enfin. Pis j’aurais dû te dire que j’me sentais toute énervée quand j’ai sue que tu r’tournais à l’école. Et quand t’as eu ton diplôme après ton DEP, j’aurais dû te serrer fort dans mes bras en te murmurant à l’oreille à quel point t’avais fait du chemin et à quel point j’étais fière de toi. Je regrette.

T’es mon meilleur ami

T’es la personne avec qui j’ai l’plus partagé sans vraiment partager, vois-tu. Le nombre de soirées passées ensemble sans dire un mot, mais le silence était lourd de sens. T’es la personne à qui j’pensais quand j’étais heureuse et à qui j’pensais quand j’allais moins bien. T’es la première personne à qui j’avais envie d’annoncer une bonne nouvelle, mais j’le faisais jamais. Ça aurait été comme trop, que tu sois mon confident en plus du reste. Ça aurait été comme trop, qu’on soit meilleurs amis tous les deux, parce qu’on avait une relation déjà bien compliquée et qu’on devait pas en rajouter. T’es la personne avec qui j’avais envie de passer mes après midi, à écouter des p’tites émissions plates et à jouer au Xbox. T’es la personne que j’avais envie d’envoyer chier tous les trente secondes, mais t’es aussi celle que j’voulais contre moi le soir avant d’aller faire dodo. T’es celui avec qui j’voulais rire des autres dans la rue, pis avec qui j’avais envie de bitcher quand ça allait pas bien avec mes amies “e”. T’es celui qui me décodais l’mieux, même quand j’disais rien, tu savais à quoi j’pensais. Être relié comme ça à quelqu’un, ça arrive pas tous les jours. T’étais mon meilleur ami et j’voulais fort fort être ta meilleure amie moi aussi.

Je t’aime

C’était simple pourtant. Trois mots. Un peu comme arracher un bandaid, d’un coup sec comme ça pis après c’est fait, tu y r’penses pu. J’ai pas été capable, être honnête sur mes sentiments envers toi c’était comme me pitcher dans l’vide les yeux fermés sans savoir où j’atterrirais, c’tait épeurant. Mais j’t’aimais, du plus profond d’mon coeur, en toute sincérité et en toute honnêteté. J’t’aimais plus que j’m’aimais moi-même pis plus que j’aimais qui que ce soit sur Terre. T’étais ma personne préférée sur Terre et y’a des jours où j’me dis que tu l’es encore. T’étais ma zone de confort, t’étais la moitié d’mon coeur abîmé, t’étais beau pis t’étais bon pis t’étais capable pis j’tais fière de toi mon meilleur ami. Pis par dessus tout, j’t’aimais.

Rencontre maladroite

Hey.

On s’est croisé la semaine dernière, j’m’y attendais pas. Faut dire que j’essaye du mieux que j’peux de plus y penser, à nous, à toi. Ouais, surtout à toi. Ça fait qu’avec le temps j’ai un peu réussit à t’oublier, pas entièrement c’est certain, mais un peu. J’ai comme moins mal qu’avant j’dirais. Pis t’occupes plus tant mes pensées, sauf le soir, le soir c’est dur. Le soir j’pense à toi comme si y’avait encore un nous, pis j’trouve ça tough. Mais j’avance, pis peu à peu j’ai l’impression que j’ai légèrement réussit à tourner la page. J’veux dire, j’suis heureuse. Pis j’dis pas ça pour essayer d’me convaincre. Sérieux, j’suis bien.

J’ai recommencé l’école, ça va vraiment bien. J’ai fait du snow toute l’hiver, sans toi, avec ma famille, parfois même seule. Ouais, j’ai pris la voiture pis j’ai packté la valise avec ma planche pis mes bottes, pis toute mon p’tit kit, pis j’suis montée à Bromont, toute seule. Ça m’a tellement fait de bien, t’as même pas idée. Descendre les pentes, sans me rusher, avec mes écouteurs pis ma p’tite musique, c’était parfait, c’était paisible. Pis j’ai repris le cours de ma vie, tranquillement pas vite, j’ai recommencé à faire les choses que j’aimais faire, pis j’souris. J’me surprend à rayonner dernièrement, même à la job, les filles me l’disent: T’es bin d’bonne humeur aujourd’hui! T’as dont bin d’énergie ces temps-ci! T’es bin belle ce matin. Pis c’est vrai, j’veux dire j’me sens bien dans ma peau pis j’me sens joyeuse. Honnêtement j’vais t’avouer qu’y a un moment où j’y croyais plus, que c’tait possible de m’sentir heureuse à nouveau.

Pis t’sais, quand tu vas bien, y’a toujours de quoi qui pop de nul part, histoire de péter ta bulle. Redescend sur Terre ma belle, tu l’as pas oublié. Y’est encore là bin enfoui au fin fond d’ton p’tit coeur de pierre.

J’étais heureuse oui, pis j’avais tourné la page oui. Mais te revoir maintenant, j’tais pas prête. Pas prête à affronter la tornade dans ma tête pis l’ouragan dans mon coeur. J’tais juste pas prête à ça. J’ai vue ta face de loin, pis j’ai vue qu’tu m’avais vue toi aussi, pis nos yeux se sont croisés l’espace d’une seconde et demie pis j’me suis empressée de détourner le regard. Parce que j’pouvais pas, pas maintenant, pas là. Pas si près du but. J’t’ai pardonné pour tout ça, mais te reparler maintenant, non. J’ai hésité, le une seconde et demie m’a paru une éternité parce que j’ai vraiment hésité à entreprendre une marche vers toi et te saluer, comme une adulte. Mais ça m’aurait fait plus de mal que d’bien.

J’ai pas arrêté d’y penser depuis, s’comme maladif sur les bords mon affaire. Moi qui pensais avoir fait du chemin depuis le dernier texto que j’t’ai envoyé, y’a trois mois. Je sais que c’tait inévitable, qu’on se serait croisé tôt ou tard, mais j’aurais aimé mieux tard. Là, c’tait peut-être trop tôt pour mon coeur que j’croyais pourtant plus si fragile.

J’t’aime encore, t’es encore mon numéro 1.

Pis d’me l’avouer a sans doute été la chose la plus forte que j’aie fait ces trois derniers mois.

À toi, qui a encore pleuré cette nuit.

T’essaye de l’oublier n’est-ce pas? T’essaye fort pis t’y arrive pas. C’est normal. J’comprend entièrement ce que tu vis, j’suis passé par là moi aussi. On passe pas mal toute par là un jour où l’autre j’te dirais. Du jour au lendemain y’a ton monde qui s’écroule pis tu sais pas trop pourquoi. Ton p’tit monde que t’avais pris tellement de temps à bâtir. Pis tout à coup, pouf. Plus rien.

T’es jamais vraiment prête à faire face à une fin, y’a rien dans vie qui nous prépare à ça. Peu importe, ça fait toujours mal. Et du jour au lendemain t’es là, assise sur le bord de ton lit à te demander qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que t’en arrive là? Ça, pis aussi un tas d’autres questions. Pis c’est un peu toi que tu remets en question au début, un peu beaucoup même. De là à se demander si c’est pas toi le problème, ou si c’est pas toi qui a fait un faux pas quelque part, qui a mal calculer ta shot. Non, c’est pas toi. Crois-moi, t’as rien fait, c’est lui le problème.

C’est lui parce qu’au fond, tu y as toute donné. Crois-moi, si t’es là, assise à essayer d’te trouver des poux, c’est qu’c’est lui le problème. Parce que lui, y’est pas assit sur le bord de son lit à se demander comment y’a bin pu te laisser partir. Y’a tourné la page, y’est bien de son côté pendant que toi tu te tapes sur les doigts. Pis ça, il le sait. Il l’sait qu’tu t’en veux parce que ça pas fonctionné pis qu’tes en trin de t’mettre toute le blâme sur le dos. Pis ça fait bin son affaire, parce que tant qu’tu penses que c’est d’ta faute, s’pas d’la sienne. Y’est égoïste demême, ils l’sont tous.

Arrêtes de t’tirer les cheveux, tu t’fais du mal pour rien. Je l’sais, c’est facile à dire. Je l’sais qu’t’as pas envie de l’entendre, qui s’criss de toi. Je l’sais qu’tu penses à lui souvent, beaucoup trop souvent. Tous les jours. Je l’sais que le matin tu te lèves en regardant ton cell en espérant tellement fort voir son nom dans ta boîte de réception. Je l’sais qu’tu penses à lui écrire dequoi du genre bon matin ou passes une belle journée, mais qu’t’effaces ton message à dernière minute. Je l’sais qu’tu te rends à l’école avec tes écouteurs pis ta playlist de coeur brisé en pensant à lui et aux moments spéciaux qu’vous avez partagé. Je l’sais que parfois ton cours est un peu long pis qu’tu te perds quelque part sur la lune avec lui. Je sais aussi que quand tu reçois un nouveau message tu te précipite à r’garder si, par hasard, ce serait pas lui. Je l’sais qu’tu te couche le soir en t’imaginant te blottir dans ses bras, pis qu’t’on lit t’semble soudainement vraiment grand. Je l’sais qu’tu prends du temps à t’endormir parce que tu r’pense à toutes les fois où il t’as regardé droit dans les yeux en te faisant l’amour. Je l’sais qu’tu revois ses p’tits yeux bleus tout pétillants pis qu’l’espace d’une seconde t’as l’sentiment d’avoir encore son souffle dans le cou. Je l’sais qu’après, souvent, tu te mets à pleurer pis qu’t’as l’impression que ça s’arrêtera jamais. Je l’sais que tu t’replis sur toi-même, la tête enfouie dans ton oreiller et la main sur ton coeur à te demander pourquoi ça fait aussi mal. Je l’sais qu’tu l’hais de te faire te sentir demême. Pis je l’sais aussi que demain matin, même si tu l’hais, tu vas regarder ton cell à nouveau avec une p’tite lueur d’espoir dans les yeux. J’sais tout ça parce que j’suis pareil.

Pis j’te dis tout ça, parce que t’es normal. T’es pas folle, de t’être attaché comme ça à lui. Et t’es pas folle, d’aimer au point d’en avoir mal au coeur. D’aimer tellement que t’en pleure jusqu’à épuisement pour t’endormir le soir. J’te dis tout ça parce que, aussi difficile à croire et aussi facile à dire que ça puisse l’être, ça va passer. J’te dis pas que j’pense plus à lui, j’y pense souvent même, tous les jours encore. Mais beaucoup moins qu’avant. Pis j’te dis pas que j’me questionne pas de “what if” une fois de temps en temps, parce que oui, ça m’arrive de me demander si les choses auraient pu êtres différentes encore aujourd’hui. Mais j’me blâme pas pour ça, j’suis consciente que c’pas ma faute. Et crois-moi, y’a des matins où j’me lève et ça fait moins mal que la veille. Y’a des soirs où j’me couche en réalisant qu’j’ai pas pensé à lui d’la journée. Et peu à peu, petit à petit, j’me sens heureuse à nouveau. J’me sens moi. Parce que d’pas sourire, avoir d’la peine, me morfondre, c’est pas moi ça.

Pis c’est pas toi non plus.

Ta Place

Le weekend dernier j’suis monté au chalet avec toute ma famille, histoire de passer un bon moment tout le monde ensemble. Pis quand j’dis tout l’monde, c’est tout l’monde; mon frère, sa blonde, ma mère, son chum, ma soeur, mes tantes, mes oncles, mes cousins, leurs blondes, mes cousines, leurs chums. Pis moi, seule.

J’dis pas que ça m’fait chier d’être célibataire quand les autres sont en couple, j’suis bien avec ça aussi. Pis t’sais, j’ai passé un super bon moment pareil là-bas. Mais des fois, y’a des moments où j’aurais aimé ça que tu sois là avec moi là-bas. Y’a des moments où j’trouvais que tu fitais dans l’décor. Que j’t’aurais vue, assis sur le bord du feu avec ma belle soeur pis mon oncle à jaser d’la vie en campagne, pis du chalet de rêve que vous aimeriez avoir. T’sais, le chalet que t’arrête pas de dire que t’aurais plus tard, en bois ronds pis toute. J’t’imaginais t’occuper du feu dans le foyer comme la fois où on a décidé de s’en faire un dans la forêt du parc à côté de chez nous. T’aime ça ces affaires-là. Ça aurait été ton genre, cette fin de semaine là.

J’t’imaginais assis autour de la table avec ma famille super compétitive à jouer à Perudo comme si ta vie en dépendait. J’t’imaginais en équipe avec mon cousin Françis au beerpong parce que vous avez le même genre d’attitude tous les deux. J’vous voyais bien vous entendre pis trouver qu’on a dont pas d’allure, sa blonde et moi. J’t’imaginais dehors avec les gars à jouer au spikeball pis à t’faire engueuler par mon cousin pref juste parce que t’as eu le malheur de pas pogner la balle assez vite. J’t’imaginais content d’aller prendre une marche pis nourrir les chevaux avec mon p’tit coquin qui te tient par la main. J’t’imaginais dans le spa avec mon frère pis les cousins à boire un verre de Cognac, pis moi dans le cadre de porte qui désapprouve du regard. J’t’imaginais te pousser en cachette avec mon cousin plus délinquant, pis t’fummer des plombs dans son char.

J’t’imaginais le matin, tout endormis, assis sur le divan à regarder les bébés courir partout, à te demander comment ça s’fait qu’y’ont réussit à te lever avant midi. J’t’imaginais tout heureux que mon oncle fasse des crêpes à n’en plus finir pour déjeuner le dimanche matin! J’t’imaginais aussi, le samedi soir, aider le beau-père à faire cuire nos steak sur le barbecue en jasant de tout et de rien, une bière à la main. J’t’imaginais manigancer avec le frère pour vous faire chauffer de quoi à manger tard le soir, en guise de munchies. J’t’imaginais jouer au jeu des boulettes avec nous, pis rien comprendre, pis chialer d’à quel point on a pas d’bon sens dans ma famille.

J’t’imaginais t’faire dropper un bébé dans les bras par ma cousine, avec le chaos qui régnait toute la fin de semaine, pis pas savoir quoi faire. J’imaginais ta p’tite face qui appelait à l’aide, mais aussi ton p’tit regard fier de porter ma p’tite ladybug qui t’aurait fait des beaux sourires. J’t’imaginais habile et maladroit à la fois, avec les p’tits mais aussi avec toute ma famille en général. J’t’imaginais gêné d’pas tant les connaître, mais à l’aise parce qu’au final tu t’entends bien avec eux. J’t’imaginais sortir complètement du lot, tout en te fondant parfaitement bien dans la masse.

J’trouvais que tu fitais avec nous le weekend dernier. J’aurais aimé ça que tu sois-là. Surtout le soir, me semble que t’aurais bin fiter le soir, à m’faire des minouches assis sur le divan en parlant avec les autres. Me semble que j’aurais été bien, la nuit tombée, couchée collé en cuillère avec toi dans ma chambre frigorifiée. Que j’aurais été bien, le matin avec mon p’tit café à regarder la neige tombée dehors, ta main autour de ma taille. J’t’imaginais être heureux là-bas, pis j’t’imaginais me rendre heureuse moi aussi.

J’t’imaginais avoir ta place dans mon p’tit monde à moi..

Le Fuck Friend

Y’a des matins comme ça, où j’me réveille et j’t’en veux tellement pour tout ça. Et j’ai envie, vraiment, de t’dire que c’est ta faute. Et souvent même, j’te blâme pour tout ça. Tout ça; j’parle du feu dans mon coeur qui brûle les p’tits papillons, le noeud dans ma gorge qui m’empêche de hurler quand j’pleure le soir avant d’m’endormir, les cernes sur mes oreillers causées par le surplus de larmes, mon dos qui m’fait mal à force d’avoir été poignardé trop souvent, mon p’tit coeur en miette, pis tout le reste, tout ça. J’t’en veux pour tout ça. Et ça m’fait chier parce qu’au fond j’ai tellement pas l’droit de t’en vouloir.

T’as été fair, t’as jouer franc jeu. J’dis souvent le contraire, mais va falloir que j’arrête de me rentrer la tête dans l’sable pis que j’me l’avoue à moi-même; t’as été honnête. T’as mis tes cartes sa table dès l’début, t’as dicté le contrat, de manière claire et précise, pis je l’ai signé en approuvant d’un hochement de tête. T’as été fair, plus que fair même. C’était juste ça, du sex pour du sex. Histoire que tu te vide les couilles une fois de temps en temps et histoire que moi, de mon côté, j’aie l’impression de recevoir un peu d’affection. Demême t’sais, pour combler l’vide dans mon p’tit coeur. On se l’était promit de pas s’attacher, je l’sais. Pis pour une fois, tu l’as tenu ta promesse. Fallait bin, esti, que ce soit la seule promesse que tu sois capable de tenir. T’sais, juste pour remuer l’fer dans plaie.

On se l’était promit, que ce serait mieux demême, que c’était moins compliqué, qu’on s’devrait rien comme ça, qu’on s’rait libres. On s’était promit de pas mêler notre coeur avec notre cul, je l’sais. Pis j’ai pas été capable de la tenir cette promesse-là, j’m’excuse. C’est ma faute tout ça, je l’sais.

Mais le deal c’était pas ça. On s’était peut-être promit d’pas s’attacher, mais on s’était aussi promit que c’était juste ça. Juste du sex. Rien de plus. Pis là c’tait pu rien de plus. C’tait pu juste ça. C’tait ça au début, le temps qu’on s’adapte, mais dès qu’on est devenu plus à l’aise l’un envers l’autre, la mise a comme changé. Pis le deal s’tait pas ça. Le deal s’tait que j’m’attache pas, mais s’tait aussi que toi tu fasses en sorte que j’m’attache pas. Le deal s’tait du cul, ici et là, pour combler le manque. Pas des p’tits films collés chez vous, pas des tenages de mains en public, pas des p’tites crises de jalousie, pas d’cockblock, rien de tout ça, juste du sex.

J’ai signé un contrat qui m’promettait d’avoir ce que je voulais l’espace d’une rencontre d’une heure ou deux, une fois semaine genre, peut-être même moins. Pis le une heure s’est tranquillement transformé en trois heures, pis le une fois semaine s’est transformé en deux, et ainsi de suite. Pis les rencontres tard le soir se sont transformés en nuits. Pis du jour au lendemain tu m’serrais collé collé en cuillère dans ton lit toute la nuit, même après avoir eu c’que tu voulais. Pis du jour au lendemain t’as décidé d’pu aller voir ailleurs parce que j’te suffisait. Pis du jour au lendemain tu t’es mis à utiliser des expressions comme “j’suis bien” pis “j’m’ennuie“. Pis du jour au lendemain tu t’es mis à affirmer auprès d’tes amis que j’tais à toi. Pis du jour au lendemain les frenchs se sont transformés en baisers. Pis du jour au lendemain tu t’es mis à m’regarder direct dans les yeux en m’faisant l’amour, parce que du jour au lendemain s’tait pu juste une baise, parce que du jour au lendemain le sex s’était comme transformé en plus que ça. Pis que finalement, du jour au lendemain, t’as comme brisé toutes les règles préétablies de notre contrat. Pis ça ça changé la donne.

Pis tout d’un coup, bin y’a comme une routine qui s’est installée. Pis j’étais bien, j’dis pas le contraire, j’tais plus que bien là-dedans. J’aimais ça m’sentir apprécié de toi pour plus que juste une baise. J’aimais ça savoir que même les couilles vides, j’te plaisait encore. J’aimais ça allé chez toi, tard le soir après êtres sortie avec mes amies pis juste me coucher à côté de toi, collés. J’aimais ça aller dormir chez vous pis réaliser que ce soir, t’en avait pas envie. Parce que t’avais quand même voulu me voir quand t’avais pas envie d’cul. Parce que finalement ce soir-là, t’avais juste eu envie d’ma présence, pis ça ça m’suffisait, ça nous suffisait. J’aimais ça dormir chez vous après qu’on soit sortis avec des amis. Parce que t’acceptait de nous afficher comme ça, devant ceux qui compte le plus pour nous. J’aimais encore plus ça quand on allait dormir chez vous pis qu’avant d’rentrer tu m’disais d’pas faire de bruit pour pas réveiller tes parents. J’aimais ça parce que ça voulait dire que j’allais les croiser le lendemain matin pis qu’ça t’dérangeais pas qui sachent que j’existe. J’aimais ça partir de chez vous le lendemain après que tu m’aies fait à déjeuner. Parce que ça m’donnait pas l’impression qu’t’avais juste hâte que j’criss mon camp. J’aimais ça que tu m’accompagnes jusqu’à la porte pis qu’tu m’embrasse en m’souhaitant une bonne journée juste avant que j’parte. Parce qu’après ce geste-là, c’tait clair que j’pouvais pas passer d’mauvaise journée. J’aimais ça comment c’tait simple nous deux, tout en étant tellement compliqué. J’aimais ça comment j’avais d’la misère à nous déchiffrer en présence des autres, mais que tout les doutes s’évaporaient quand on s’retrouvait seuls ensemble. J’étais bien. Messemble qu’on était bien tous les deux.

Je l’sais qu’on se l’était dit, qu’on s’attacherait pas. Je l’sais j’te l’ai promit pis cette promesse-là je l’ai pas tenue. Mais t’as changé les règles du jeu, pis c’était pas pour ça qu’j’avais signé moi. T’as planté une graine dans mon coeur pis t’en a pris soin chaque jour comme si c’tait la chose la plus importante du monde. Tu l’as arrosé en masse de beaux compliments pis de p’tites attentions. Pis tu y en a envoyé du soleil, à c’te p’tite fleur-là qui poussait tranquillement, en m’faisant rire et sourire comme seul toi pouvait l’faire. T’as planté un jardin d’fleurs dans mon coeur pis tu t’es étonné qu’ça donne un aussi beau résultat. Trop beau même. Trop pour ce à quoi tu t’attendais.

Pis là t’as compris; le jardin fallait qu’tu t’en occupes, pis ça, t’étais pas prêt à l’faire. Tout d’un coup c’tait comme trop d’responsabilités pour toi. Faque tu t’es empressé d’prendre les cartes, que t’avais laissé bien en évidence sur la table au départ, pis tu m’les a étampées dans l’front. Pour être certain que j’les vois comme du monde, mais aussi pour être certain que ça fesse bin comme il faut. Pis tu t’es empressé d’me r’dire que mon jardin, c’était à moi d’m’en occupé, pis qu’toi tu t’occuperais du tiens. Que c’tait ça le deal, que ça avait toujours été ça.

J’t’en veux pas tu sais, j’ai pas l’droit d’t’en vouloir. T’as été fair, t’as joué franc-jeu avec moi. C’pas d’ta faute, t’sais. C’est moi qu’y’est tombé en amour au mauvais moment, avec la mauvaise personne. J’ai voulu crosser l’système en essayant de déjouer les règles du contrat pis ça pas marché. C’pas ta faute, c’est la mienne. Pis y’a des jours où j’m’hais pour ça, pis d’se détester soi-même c’est dur pour l’estime. Faque j’trouve ça plus facile me convaincre que j’t’hais toi à place.